Micro-nouvelles et histoires (très) courtes

Il y a quelque temps (une éternité il me semble), j’ai découvert le concept des fifty, des histoires écrites avec 50 mots ou moins, en participant à un concours. Ce concept s’inscrit dans le contexte plus général des micro-nouvelles, un exercice littéraire qui semble exister depuis… houlà ! Un temps qui nous rajeunit pas l’humanité.

« For sale: baby shoes, never worn. »

« À vendre : chaussures de bébé, jamais portées. »

Cette histoire en six mots, considérée comme l’une des plus courtes jamais écrite, est souvent attribuée à Hemingway, (mais en vrai on en sait rien). Par contre, elle illustre bien le concept de la microfiction : véhiculer faire ressentir un maximum, avec un minimum.

L’origine de tout ça remontrait à Ésope, mais les nouvelles technologies, avec les SMS d’abord, puis les réseaux sociaux et notamment Twitter et son nombre limités de caractères, semblent avoir éveillé un engouement certain pour cette pratique.

Composer des micro-nouvelles, un exercice d’écriture en soi

Je crois que toute personne qui s’adonne à l’écriture devrait en faire l’expérience, car cette un exercice de concision particulièrement enrichissant. Il oblige à réfléchir à la tournure et au choix des mots dans un cadre tellement restreint qui faut souvent être inventif. N’est-ce pas là l’essence même de l’écriture ?

Pour revenir à nos fifty, il existe des petits éditeurs en ligne qui font le décompte pour vous (parce qu’il y a des règles très strictes, apparemment). Bien sûr, vous pouvez aussi écrire en dilettante, sans autres restrictions que celles que vous vous imposez.

Pour moi et ma tendance à l’expansionnisme narratif, l’exercice est à la fois un défi et une gageure, qui m’aide à nourrir mon style. Avec les micro-nouvelles, exit les intrigues poussées, les personnages finement travaillés, les descriptions qualitatives… Un simple mot doit contenir mille nuances. Pour faire dans la métaphore gastronomique, on se délecte, on se régale à faire monter la sauce par petites touches épicées, à jouer sur les saveurs pour offrir une collation qui, en une seule bouchée, doit vous combler à la manière d’un festin.


Drogoïd

Encore un camé, un cave qui réclamait sa dose de coque numérique. Aujourd’hui, même les androïdes sniffaient pour supporter les consciences artificielles qu’on leur greffait. Ils altéraient leurs data-memories, shuntaient leurs synapses digitales. Celui-là avait disjoncté, ses capteurs incapables de différencier réel et virtuel. Game Overdose.


Le concert

Ça crache du décibel. Le flow s’engouffre dans le pavillon, file dans le tympan, envahit la cochlée. Explosion sonore ! Vibrations dans le canal, ça gronde ! Les rifts bourdonnent et les percussions claquent, sauvages ! Les ondes oscillent au rythme des basses, dansent, vibrent ! Enfin le son s’étouffe. Ultime note.


L’amante

Je me projette, gronde, roule, mugis. Approche petit homme. Viens que je te fracasse, que je te brise, que je t’entraîne. Ose venir à moi petit homme. Plonge dans mes entrailles, joins toi à ma houle, caresse mes embruns. Que les déferlantes explosent.
Ne reste pas sur la grève.