Anémocratie : entre utopie et dystopie

On a un dicton pour ça ici : « à vent favorable, houle généreuse ». Comprenez qu’après un bon grain ou une tempête, on espère toujours voir remonter des mâts brisés avec leur gréement encore tout attaché !

Anémocratie – extrait
Anémocratie, une utopie maritime en plein age d'or de la piraterie dans les caraïbes.

Dans les caraïbes, la vie est rude pour les pirates, chassés de Nassau par la marine britannique. Les voilà qui partent à la dérive, privés de port d’attache.
La mort pourrait bien les attendre au bout du voyage, à moins que les vents ne les guident vers des alizés favorables.

Initialement parue dans un recueil gratuit édité dans la collection Helios, j’ai décidé de mettre à disposition une version légèrement revisitée de ma nouvelle Anémocratie. Sous format e-book cette fois, toujours en gratuit et sans DRM. Le lien de téléchargement est juste dessous.


Un genre inhabituel

Anémocratie appartient à ce genre devenu rare, l’utopie. Celui-ci était fréquemment utilisé à la fin du 17e et au cours du 18e, notamment dans des fables politiques. Puis, progressivement au 19e siècle, la dystopie a pris le pas.

De fait, utopie et dystopie sont les deux versants d’une même pièce. D’ailleurs, on désignait les textes qui appartiennent à la seconde catégorie, par le terme de contre-utopie, avant d’utiliser le néologisme auquel nous sommes désormais habitués.

Utopie versus dystopie

Utopie, du grec « οὐ-τόπος », qui n’existe en aucun lieu.
Dystopie, « dys-τόπος », le lieu malformé, erroné.

Le premier est censé décrire un monde idéal, là où le second nous présente un monde dysfonctionnel. Pourtant, est-ce si simple ? L’utopie ne porte-t-elle pas en elle le risque de la dystopie ? Ancrée dans son ADN ?

À relire Utopia, le texte de Thomas More qui est à la genèse du genre, c’est une question que l’on peut raisonnablement se poser.

Le monde que décrit More dans son essai, comporte certains aspects qui, à nos yeux d’habitants du 21e siècle, peuvent nous paraître loin d’être idéal. Par exemple, on y trouve des esclaves chargés de réaliser les tâches qui rebutent les utopiens. L’organisation des journées et les déplacements sont très réglementés. Ainsi, à côté de libertés comme celle du choix du culte, il existe un certain nombre de restrictions à d’autres libertés qui peuvent nous sembler fondamentales.

Dans toute utopie sommeille une dystopie, et toute dystopie est une utopie qui a mal tourné. Il est facile de glisser de l’une à l’autre. La raison en est simple. Ces deux genres traitent de la manière dont nous sommes gouvernés, dirigés, éventuellement contrôlés. C’est évidemment ce dont il est question dans Utopia, ou avec l’Eldorado de Candide. C’est encore plus évident avec des textes comme le Meilleur des Mondes, ou 1984.

Vers une utopie numérique ?

Vous l’aurez compris, ce thème de la gouvernance m’interpelle. Cette question est au cœur de toute société depuis que la « πόλις », la polis, la cité, existe.

Toutefois, Anémocratie est une utopie relativement classique, qui se situe dans cette période, 1600-1700, qui a vu fleurir le genre. J’ai également voulu explorer ce que pourrait être une utopie au 21e siècle, dans notre ère numérique et hyperconnectée.
Comment pourrait-on se gouverner à l’heure des réseaux sociaux, des fake news, de l’information instantanée en continu, de la libre circulation des données ?
C’est en partie ce sujet que j’aborde dans ReVoltaire, dont j’ai intégré un court extrait à la suite d’Anémocratie.
Une utopie où les gouvernants sont désignés par un algorithme informatique, plutôt qu’élus.
Une utopie où toutes les sensibilités sont représentées de façon équitable.
Une utopie où le pouvoir ne peut pas être contrôlé par une minorité.

Une utopie… ou une dystopie ?